France Travail : un lanceur d’alerte raconte comment des chômeurs ont touché des aides sans autorisation

Ancien conseiller chez France Travail, Yann Gaudin a décidé de tirer la sonnette d’alarme. Selon lui, le système censé aider les demandeurs d’emploi est miné par de graves dysfonctionnements.

Un ancien agent brise le silence sur les pratiques de France Travail

Il parle d’abord d’un refus quasi systématique de corriger les erreurs de calcul dans les dossiers. Une attitude qu’il décrit comme de « l’orgueil institutionnel ». Ensuite, l’ancien conseiller pointe du doigt les retards chroniques dans le versement des allocations qui seraient dus à une « avarice administrative ». Enfin, il dénonce le traitement trop rapide et sans contrôle des dossiers. Mais ce n’est pas tout ! Selon une enquête IFOP, 68 % des chômeurs affirment se sentir abandonnés. À cela s’ajoute un sérieux manque de transparence : seulement 34 % des indicateurs de performance sont rendus publics par l’institution.

Les Français veulent des comptes

Face à cette situation, des députés réclament un audit indépendant de France Travail. Une idée qui séduit l’opinion : un sondage BVA de 2025 révèle que 63 % des Français soutiennent cette démarche. Le fossé se creuse entre les citoyens et les institutions censées les accompagner.

Une alternative citoyenne qui fait ses preuves

Pour répondre à ces carences, Yann Gaudin a lancé une plateforme appelée La Bonne Étoile. Son but : aider les chômeurs à faire valoir leurs droits grâce à une méthode claire et humaine. Trois axes : une analyse juridique personnalisée, une médiation directe avec l’administration et un suivi régulier des cas traités.

Les résultats parlent d’eux-mêmes. Le délai de traitement moyen passe de plusieurs mois à trois semaines. Le taux de réussite grimpe à 89 %, contre 42 % avec les démarches classiques. Depuis 2022, ce sont 4,7 millions d’euros d’indemnités qui ont été récupérés par les allocataires lésés.

Les témoignages affluent. Marie, 54 ans, a touché 18 000 euros après deux ans de combat. Karim, 37 ans, a retrouvé sa dignité grâce à cette aide. Élodie, 29 ans, a reçu l’équivalent d’un an de salaire en à peine trois semaines. En tout, 1 240 dossiers ont été traités en un an et demi, avec un taux de satisfaction de 92 %.

Des pistes concrètes pour améliorer le système

Malgré ces succès, le modèle de La Bonne Étoile reste limité. Il dépend du bénévolat, ne couvre pas tout le territoire, et n’a pas de statut légal reconnu. C’est pourquoi beaucoup appellent à une réforme structurelle de France Travail.

Plusieurs propositions émergent : la création d’un médiateur indépendant pour les litiges, une formation renforcée des conseillers sur les règles administratives, ou encore une plateforme numérique unique pour suivre plus facilement les dossiers.

D’autres suggèrent d’imposer des délais légaux contraignants pour traiter les demandes et de prévoir un budget dédié à la correction des erreurs. Ces changements pourraient améliorer considérablement l’accompagnement des chômeurs.

Quand les citoyens montrent la voie

Le contraste est saisissant : France Travail dispose d’un budget annuel de 850 millions d’euros, mais c’est une petite structure citoyenne qui obtient de meilleurs résultats. Une question se pose alors : comment mieux utiliser les fonds publics pour servir ceux qui en ont besoin ?

L’expérience de Yann Gaudin prouve qu’un autre modèle est possible. Si les institutions s’ouvraient davantage aux initiatives citoyennes, le système pourrait gagner en efficacité. Tout dépend désormais de la volonté politique de faire bouger les lignes. Et si les lanceurs d’alerte devenaient les alliés d’un service public plus juste ? Affaire à suivre de très près…