La Poste française a adopté de nouvelles modifications dans son service de distribution. Face à une baisse massive du nombre de courriers envoyés, l’entreprise publique va arrêter la livraison quotidienne pour adopter un rythme plus adapté et moins coûteux.
Un modèle postal français obligé de s’adapter
Ces dernières années, le courrier traditionnel connaît une chute impressionnante. Entre 2008 et 2024, le volume annuel est passé de 18 milliards à seulement 6 milliards d’envois, soit une baisse de près de deux tiers. Cette diminution s’explique par l’essor du numérique, qui a profondément bouleversé nos façons de communiquer.
Philippe Wahl, le président de La Poste, est catégorique : le modèle historique n’est plus viable. La Cour des comptes alerte aussi sur les coûts fixes qui dépassent largement les revenus issus de la distribution du courrier. En 2025, il coûtera 30% de plus à La Poste de livrer une lettre que ce qu’elle en gagne.
Deux solutions ont été envisagées : réduire la livraison aux seuls jours ouvrables, ou instaurer une distribution alternée selon les zones géographiques. A la suite de plusieurs tests réalisés à la campagne, c’est cette dernière option qui sera privilégiée. De ce fait, les facteurs passeronnt désormais trois fois par semaine au lieu de sept.
Qu’est-ce que cela change pour les usagers ?
Une étude récente de l’ARCEP révèle que 82% des Français envoient moins de cinq lettres par an. Pourtant, certains groupes restent très attachés au courrier papier. C’est le cas notamment des personnes âgées, qui représentent plus d’un tiers des utilisateurs réguliers, ainsi que des habitants des zones mal couvertes par internet.
Pour accompagner ces populations, La Poste développe les Maisons France Services. Grâce à ces points d’accueil, les usagers peuvent se faire accompagner pour les démarches, notamment celles qui passent au numérique.
En parallèle, La Poste mise sur la technologie avec le lancement du timbre numérique sous forme de QR code. Un système de suivi des lettres en temps réel, basé sur la blockchain, est également prévu pour limiter les pertes fréquentes (4,2% en 2024).
Des bénéfices pour la planète et l’économie
Cette nouvelle organisation s’avère bénéfique pour l’environnement. En limitant les tournées quotidiennes, La Poste prévoit une baisse des émissions de CO₂ de 18% dès 2026, un pas important vers les objectifs écologiques nationaux.
Côté finances, les économies estimées à 290 millions d’euros par an seront réinvesties dans les services en plein essor comme les colis et les recommandés électroniques sécurisés.
Ce changement concerne également les quelque 45 000 facteurs, dont les missions évoluent. La Poste propose des formations pour passer à la logistique colis, un secteur en forte croissance (+210% depuis 2020). De nouvelles missions hybrides voient le jour, comme le dépannage numérique ou la livraison de médicaments, offrant plus de perspectives aux employés.
En privilégiant la qualité et la fiabilité plutôt que la fréquence, La Poste adapte son rôle historique aux défis du XXIe siècle, tout en continuant de garantir la transmission des messages, qu’ils soient sur papier ou en version numérique.
Les utilisateurs devront donc apprendre à s’habituer à ce nouveau programme qui s’inscrit dans un service postal plus moderne et adapté aux besoins d’aujourd’hui.
