Les propriétaires immobiliers vont devoir faire face à une nouvelle hausse des tarifs du diagnostic de performance énergétique (DPE). Déjà obligatoire pour vendre ou louer un bien, ce diagnostic voit son prix grimper d’environ 10%, une augmentation qui risque d’alourdir encore un peu plus les charges des propriétaires. Pourquoi cette hausse est-elle inévitable et quelles seront ses conséquences sur le marché immobilier ? Décryptage.
Une augmentation pour renforcer la fiabilité
Depuis le 1er juillet, les diagnostiqueurs immobiliers doivent répondre à de nouvelles exigences : formations plus poussées et contrôles renforcés. Ces mesures visent à garantir des DPE plus précis et fiables, mettant fin aux approximations souvent critiquées. Selon Jean-Christophe Protais, président de Sidiane, cette réforme représente un surcoût de 35 000 euros sur sept ans pour chaque diagnostiqueur. Pour compenser, les professionnels du secteur sont contraints d’augmenter leurs tarifs d’environ 10% d’ici la fin de l’année.
Un impact direct sur les propriétaires
Avec cette hausse, les propriétaires qui souhaitent vendre ou louer un bien doivent s’attendre à payer plus cher leur évaluation énergétique. Le coût moyen d’un DPE, actuellement autour de 120 euros, devrait passer à 132 euros. Pour un pack de diagnostics incluant l’amiante, le plomb, l’électricité ou le gaz, les prix grimperont de 210 à 230 euros.
Cependant, la concurrence entre diagnostiqueurs pourrait limiter cette flambée des prix. Certains professionnels préfèrent maintenir des tarifs attractifs pour attirer la clientèle. Sébastien Lachaussée, diagnostiqueur immobilier, explique que certaines offres descendent parfois à 30 euros pour un DPE, bien qu’elles soient rarement gage de qualité. Comparer les devis devient donc essentiel pour éviter les mauvaises surprises.
Quel impact sur le marché immobilier ?
Le DPE joue un rôle central dans l’évaluation d’un bien. Un logement mal classé en termes de performance énergétique perd de sa valeur et devient plus difficile à louer. Les logements classés F et G seront progressivement interdits à la location entre 2025 et 2028, suivis des biens classés E en 2034. Une mauvaise notation peut entraîner une dévaluation allant jusqu’à 20% du prix du bien.
La fiabilité du DPE est donc un enjeu crucial, ce qui justifie en partie les nouvelles exigences réglementaires. Hassad Mouheb, président de FED Experts, précise que les coûts de certification pour les diagnostiqueurs sont passés de 12 000 euros à une fourchette de 30 000 à 45 000 euros. Pour amortir ces frais, les tarifs des DPE devraient augmenter de 10 à 15%, notamment dans les zones où la concurrence est plus faible.
Jouer sur la concurrence pour limiter la hausse
Dans les grandes villes, la forte concurrence entre diagnostiqueurs pourrait freiner la hausse des prix. Certains professionnels choisissent même de baisser leurs tarifs pour des prestations complémentaires comme l’audit énergétique. Par exemple, l’audit énergétique, obligatoire depuis avril 2023 pour la vente d’une maison individuelle, coûtait initialement entre 800 et 1 000 euros. Aujourd’hui, certains diagnostiqueurs proposent ce service pour 500 euros seulement.
Pour les propriétaires, comparer les offres et négocier les prix est plus que jamais nécessaire pour réduire l’impact financier de cette réforme.
Un outil incontournable malgré la hausse des coûts
Malgré les critiques et la hausse des prix, le DPE reste un outil essentiel pour les propriétaires, les acheteurs et les locataires. Il permet de mieux comprendre la consommation énergétique d’un logement et d’anticiper les travaux d’isolation nécessaires. La réforme de 2021 et les nouvelles réglementations visent à renforcer sa fiabilité, bien que cela implique un coût supplémentaire.
À long terme, un logement bien classé bénéficie d’un avantage concurrentiel sur le marché immobilier, avec une meilleure valeur de revente et une attractivité accrue pour les locataires. Investir dans l’amélioration de la performance énergétique devient donc une stratégie gagnante pour les propriétaires soucieux de la rentabilité de leur bien.