Et si vous deviez passer le contrôle technique chaque année ? C’est ce que souhaite l’Union européenne pour les voitures de plus de 10 ans. L’idée serait de renforcer la sécurité routière. Mais pour des millions d’automobilistes, cette mesure risque surtout de faire très mal au budget.
Une mesure qui viserait une majorité de conducteurs
En France, plus d’un véhicule sur deux a plus de dix ans. L’âge moyen du parc automobile tourne autour de 11 ans. Autant dire que cette proposition concerne une majorité d’usagers. L’UE envisage de faire passer le contrôle technique tous les ans pour ces voitures un peu vieillissantes, contre tous les deux ans actuellement.
Et cette réforme risque de frapper fort là où ça fait mal. Car ce ne sont pas les conducteurs de véhicules neufs qui vont trinquer. Ce sont plutôt ceux qui roulent encore avec une vieille Clio ou une 206 fatiguée, faute de moyens. Bref, les plus précaires.
Une dépense de plus à prévoir
En Haute-Loire, l’un des départements où le contrôle est le moins cher, il faut tout de même compter environ 73 euros pour une visite classique. Mais les voitures anciennes n’échappent pas toujours à une contre-visite, souvent nécessaire pour des réparations obligatoires… et donc des frais supplémentaires chez le garagiste.
Du côté des professionnels, on reste partagé. Le responsable d’un centre Autosur au Puy-en-Velay explique : « Je comprends l’objectif de sécurité, mais cette dépense annuelle serait difficile à encaisser pour beaucoup. Certains roulent peu, pourquoi leur imposer une visite chaque année ? Il vaudrait mieux étudier au cas par cas ». Chez lui, le tarif est de 75 euros, et selon ses chiffres, environ 20 % des véhicules finissent en contre-visite.
Un coup de pouce (forcé) à la mobilité douce ?
Ce projet de loi pourrait-il inciter à changer nos habitudes ? Rémi, habitant de Brives-Charensac, a sauté le pas il y a un an : « J’ai vendu ma voiture pour un vélo électrique. Ce sont les frais liés à l’automobile qui m’ont poussé à le faire. »
Mais il reconnaît que sa situation est particulière : il habite près de son travail. « Pour beaucoup, ce n’est pas possible. En Haute-Loire, les transports en commun sont rares, et les distances longues. Le vélo ou le bus, ce n’est pas toujours réaliste. »
La voiture reste reine… pour l’instant
Pour Rémi, le vrai problème est culturel : « Ici, on est encore très attachés à la voiture. C’est notre mode de vie. Tant qu’on n’aura pas un réseau de transports fiable et pratique, rien ne changera. Et ça, c’est aux politiques de le faire bouger. »
Avec le coût du carburant, de l’assurance, des réparations, du stationnement, des pneus hiver et maintenant peut-être d’un contrôle technique annuel, la voiture devient un vrai luxe. À ce rythme-là, mieux vaut avoir de bonnes chaussures qu’une BMW.