Au Brésil, l’île d’Itamaracá est connue pour sa nature préservée et ses plages calmes et deux femmes ont décidé d’agir face à la pollution causée par le tourisme.
Edna et sa fille Maria Gabrielly Dantas ont transformé un problème environnemental en une solution concrète. Elles ont construit une maison à partir de déchets recyclés, principalement des bouteilles en verre. Un projet ambitieux mais porteur de sens.
Une enfance marquée par la débrouille
Edna, aujourd’hui âgée de 55 ans, a grandi dans la région d’Agreste où l’accès à l’eau était difficile. Très tôt, elle a appris à vivre en récupérant et en recyclant tout ce qu’elle pouvait.
Pour elle, réutiliser les objets n’était pas un choix écologique mais une nécessité du quotidien. « On ne parlait pas d’écologie, c’était simplement notre manière de vivre », explique-t-elle.
Cette façon de penser a marqué sa fille Maria Gabrielly qui est aujourd’hui créatrice de mode écoresponsable. Ensemble, elles ont bâti leur projet en s’appuyant sur leur héritage culturel, lié aux communautés quilombolas et autochtones.
Pour elles, le respect de la nature est une valeur essentielle, transmise de génération en génération.
Une maison construite à partir de déchets
Pendant la pandémie, Edna a constaté une augmentation importante des déchets sur les plages. C’est à ce moment qu’elle a eu une idée : construire une maison en utilisant ces bouteilles abandonnées.
Ainsi est née la Casa de Sal, une maison faite de matériaux recyclés comme du bois de récupération, des palettes, des bouteilles en verre et même des tuiles fabriquées à partir de tubes de dentifrice.
La construction a duré deux ans. Tout a commencé dans un atelier de 20 m² où Maria cousait pendant que les travaux avançaient.
Les premiers mois ont été particulièrement difficiles. Sans salle de bain classique, elles faisaient la vaisselle dans une bassine. Mais malgré les contraintes, elles ont gardé leur objectif en tête et ont continué.
Donner du sens à la récupération
Au Brésil, environ 5,8 millions de personnes vivent sans logement décent. En plus de son originalité, la Casa de Sal soulève donc une question importante : comment faire face à la crise du logement tout en gérant les déchets urbains ?
Edna insiste : « Ces bouteilles ne disparaissent pas. Si on ne fait rien, elles resteront là encore longtemps. »
Pour elle, le recyclage est une façon de limiter les dégâts surtout en l’absence de politiques efficaces pour encadrer la gestion des déchets.
Faire face aux préjugés
Être deux femmes dans un domaine majoritairement masculin n’a pas été simple. Maria se souvient des critiques et des conseils non sollicités. Beaucoup doutaient de leurs compétences.
Pourtant, elles ont su montrer que leur détermination et leurs connaissances techniques étaient suffisantes pour mener à bien leur projet.
Un message d’espoir
La Casa de Sal n’est pas une maison comme les autres. Elle incarne une idée forte : on peut construire un avenir plus responsable avec des gestes simples, de la créativité et de la volonté. Ce projet prouve qu’un changement est possible, même à petite échelle.
Une bouteille peut sembler inutile. Mais entre de bonnes mains, elle peut devenir la base d’un foyer. Et parfois, c’est de là que naissent les plus belles idées.