Désherber avec du sel peut sembler une bonne idée. C’est économique, facile à utiliser et souvent présenté comme une méthode « naturelle ».
Pourtant, ce geste en apparence inoffensif peut causer des dégâts invisibles au début mais parfois irréversibles. Car si le sel élimine rapidement les mauvaises herbes, il compromet également la santé de votre sol à long terme.
Une solution trompeusement simple
À mesure que les jardiniers cherchent à réduire l’usage des produits chimiques, les recettes disent « naturelles » refont surface. Parmi elles, celle qui consiste à utiliser du sel revient souvent.
Saupoudré directement sur les plantes ou dissous dans de l’eau chaude, il agit rapidement. En quelques heures, les mauvaises herbes jaunissent et meurent. L’effet est visible, rapide mais trompeur.
Ce que beaucoup ignorent, c’est que cette méthode peut gravement perturber l’équilibre du sol, nuire à la biodiversité et rendre toute culture difficile pour les années à venir. Si le sel agit vite, ses effets s’installent durablement.
Comment le sel agit… et pourquoi il nuit
Le sel est efficace pour une raison simple : il perturbe en profondeur le fonctionnement des plantes.
Voici ce qu’il provoque :
- Il assèche les racines, même en sol humide, en ressemblant aux plantes d’absorber l’eau.
- Il bloque l’accès aux nutriments essentiels comme le calcium ou le potassium.
- Il provoque un stress intense, entraînant le jaunissement, le dessèchement et la mort des végétaux.
- Il rend le sol impropre à toute culture future, sauf pour quelques plantes très spécifiques qui supportent le sel.
Autrement dit, si les mauvaises herbes disparaissent, le sol s’appauvrit, se dégrade et devient hostile à toute nouvelle plantation.
Des effets qui ne s’arrêtent pas là
Le problème est que le sel ne disparaît pas. Contrairement à d’autres substances, il ne s’évapore pas et ne se décompose pas rapidement. Il reste présent dans la terre où il circule avec l’eau de pluie. Résultat :
- Il tue les organismes essentiels à un sol sain : vers de terre, champignons utiles, bactéries…
- Il modifie la structure du sol, qui devient dure, compacte et moins perméable.
- Il peut atteindre les racines des plantes voisines, y compris des arbres situés à plusieurs mètres plus loin.
- Il finit par contaminer les nappes phréatiques, affectant l’eau potable.
Même utilisé ponctuellement, le sel peut donc avoir un impact bien plus important que prévu.
Qu’en est-il des mélanges au vinaigre et au sel ?
Souvent partagés sur les réseaux, les mélanges à base de sel et de vinaigre sont présentés comme « écologiques ». En réalité, ils combinent les effets négatifs des deux produits :
- Le vinaigre modifie l’acidité du sol et nuit à la microfaune.
- Le sel sature la terre et reste actif sur le long terme.
En plus d’être nocifs, ces mélanges ne sont pas autorisés par la réglementation française en tant que désherbants. Ils sont donc à éviter.
Des alternatives plus respectueuses existantes
Pour désherber sans nuire à l’environnement, plusieurs solutions efficaces s’offrent à vous :
- Le désherbage manuel : simple, précis, et sans danger pour le sol.
- Le paillage : il bloque la lumière et limite la pousse des indésirables.
- Le binage régulier : il coupe les jeunes pousses à la racine.
- Le désherbage thermique : eau bouillante ou flamme ciblée, pour un résultat rapide.
- Et parfois, il peut être utile de tolérer certaines herbes, bénéfiques pour la biodiversité.
Le sel peut paraître anodin mais il transforme peu à peu un espace vert en sol stérile. Son utilisation, même modérée, nuit à la vie du sol et pollue durablement l’environnement.
Jardiner autrement, c’est aussi choisir des gestes simples, respectueux et durables. Et cela commence par se méfier des remèdes faciles qui cachent de lourdes conséquences.