« Si j’avais su, je ne l’aurais jamais plantée » : cette haie très répandue est en réalité un danger

Dans de nombreux jardins français, cette haie est devenue la solution miracle pour se protéger des regards indiscrets. Pourtant, derrière son feuillage dense, le laurier-cerise cache de lourds problèmes pour la nature. En Europe, un pays voisin a même décidé de tirer la sonnette d’alarme en interdisant sa vente.

Pourquoi la haie plaît-elle autant aux propriétaires ?

Pour se protéger des voisins ou des passants, beaucoup préfèrent la haie plutôt qu’une clôture ou un grillage. Elle offre une véritable barrière visuelle, tout en s’intégrant naturellement au paysage. Parmi les favorites, on trouve le thuya, mais aussi des alternatives comme le houx, le laurier-tin ou encore le cyprès.

Le laurier-cerise est particulièrement populaire. Ses atouts sont nombreux : il pousse vite et forme rapidement une haie bien occultante ; il reste vert toute l’année grâce à son feuillage brillant ; il demande peu d’entretien et s’adapte même aux sols pauvres ou calcaires. Sans oublier qu’il supporte très bien la sécheresse.

Mais cette haie a un impact écologique très inquiétant

Si le laurier-cerise séduit, il est aussi très invasif. En colonisant rapidement les sous-bois, il empêche les plantes locales de se développer naturellement. Son feuillage épais bloque la lumière, rendant le sol presque stérile pour d’autres espèces.

Une étude allemande récente a même montré que, avec le réchauffement climatique, cette plante pourrait étendre encore plus son territoire, bouleversant la composition des sols et des forêts.

Mais ce n’est pas tout : le laurier-cerise est toxique. Il contient de l’acide cyanhydrique, dangereux pour les enfants et les animaux domestiques en cas d’ingestion. De plus, ses feuilles ne se compostent pas, car elles libèrent des substances nocives en se décomposant. Quant à la biodiversité, elle ne trouve pas grand-chose dans ces haies : peu d’insectes y trouvent nourriture ou abri.

Un avis sans appel : « Planter du laurier-cerise, c’est un crime contre la nature »

Sönke Hofmann, ancien patron de l’Union allemande pour la protection de la nature, a été clair en 2022 : « Ceux qui plantent des haies de lauriers-cerises font du tort à la nature ». Il va même plus loin en comparant cette haie à un mur de béton, affirmant que ce dernier est plus bénéfique pour la vie sauvage puisqu’il accueille lichens et mousses avec le temps.

La Suisse agit, la France hésite encore

Face à ce constat, la Suisse a décidé de frapper fort. Depuis septembre 2024, la vente de laurier-cerise y est interdite. Certains cantons encouragent même les habitants à arracher leurs haies invasives en proposant des aides financières importantes. Par exemple, le canton de Genève prend en charge 50 % des frais, tandis que celui de Vaud offre 60 francs suisses par mètre linéaire.

En France, cette problématique commence seulement à être prise au sérieux. Quelques particuliers se tournent désormais vers des plantes plus respectueuses de l’environnement, comme le noisetier ou le troène.

Vers des jardins plus verts et responsables

Si le laurier-cerise protège bien des regards, il finit par nuire à la nature autour de nous. Choisir des alternatives moins agressives pour la biodiversité est aujourd’hui la meilleure option. Le jardinage, c’est aussi penser à l’équilibre écologique tout en préservant son intimité.

Une question se pose : face à l’urgence écologique, la France saura-t-elle prendre le même tournant que ses voisins pour protéger ses jardins et ses forêts ?