Des moteurs qui lâchent avant 80 000 km, des factures exorbitantes qui frôlent les 11 000 euros, et des constructeurs qui tournent le dos aux problèmes… Le scandale du moteur PureTech chez Stellantis semble refaire surface chez Ford avec son fameux 1,0 EcoBoost.
Un problème qui n’épargne plus Ford
La panne brutale du moteur PureTech a déjà marqué les esprits, laissant de nombreux automobilistes désemparés. Mais ce que beaucoup ne savaient pas, c’est que Ford propose une technologie similaire dans son 1,0 EcoBoost. Récemment, une enquête a mis en lumière une série de cas inquiétants, comme celui de Romain Barajas et sa Ford Fiesta.
Un soir, sur une route des Pyrénées-Orientales, sa voiture s’est arrêtée net sans aucun avertissement. Seulement 44 000 kilomètres au compteur, et pourtant, la casse moteur était totale. Le devis affichait 9 000 euros, pour une voiture achetée à 15 500 euros… un coup dur.
Des témoignages qui s’accumulent
Anthony et Adélaïde ont vécu la même mésaventure avec leur Ford Focus. À 80 000 kilomètres, leur moteur a rendu l’âme, avec une note salée à 10 936 euros. « C’est scandaleux, notre voiture a moins de cinq ans et a toujours été suivie chez Ford », s’indigne Anthony.
Ces récits ne sont pas rares. Sur les réseaux sociaux, les plaintes affluent. Le groupe Facebook « Les Indignés de Ford » rassemble déjà plus de 7 200 membres. Fiesta, Focus, B-Max, EcoSport, Puma, C-Max, Mondeo… Tous ces modèles équipés du 1,0 EcoBoost semblent frappés par ce défaut.
La courroie humide, une fausse bonne idée
Pour comprendre le souci, il faut regarder sous le capot. Le moteur Ford 1,0 EcoBoost, comme le 1,2 PureTech de Stellantis, utilise une courroie de distribution immergée dans l’huile du moteur. Sur le papier, c’est malin : moins de frottements, moins de carburant consommé, et une durée de vie annoncée plus longue. Ford recommande de changer cette courroie tous les 240 000 km ou tous les 10 ans, ce qui réduit les coûts d’entretien.
Mais dans la pratique, cette technologie tourne au désastre. La courroie se dégrade, et ses morceaux bouchent la crépine, un filtre avant la pompe à huile. Quand ce filtre se bouche, le moteur ne reçoit plus assez d’huile et peut casser soudainement.
Le pire ? Il faut remplacer le moteur entier, une facture astronomique. Et sur la route, une casse moteur brutale peut causer des accidents graves.
Des expertises qui condamnent Ford
Les rapports techniques sont accablants. Sur la Focus d’Anthony et Adélaïde, les experts ont trouvé « une épaisse accumulation de débris de courroie » dans le carter d’huile. Le document souligne un « défaut de conception » et met la responsabilité sur Ford, accusé de vendre des véhicules défectueux.
Pour Romain Barajas, l’expert confirme également que la panne vient d’un défaut de conception. Son assurance emprunteur l’a informé en ce sens.
Ford nie malgré tout
Interrogé, Ford France nie toute faiblesse générale. « Ce type de panne peut arriver sur tous les moteurs thermiques », explique-t-on, refusant de reconnaître un problème systémique.
En Europe, rien de comparable n’a été annoncé, Ford qualifiant ce problème de « marginal ». Cette stratégie rappelle celle de Stellantis au début du scandale PureTech : ignorer jusqu’à ce que la pression devienne trop forte.
Vers une action collective
Face à la lenteur des procédures individuelles, les victimes se mobilisent. Dominique Bensi, administrateur du groupe « Les Indignés de Ford », milite pour une action collective. Il a déjà remporté une bataille similaire pour des propriétaires de camping-cars équipés de moteurs Ford défectueux.
Sa pétition réclame une « responsabilité totale des constructeurs face aux défauts de fabrication » et compte près de 14 000 signatures. Parallèlement, une autre pétition spécifique au problème de la courroie Ford a réuni près de 9 000 signataires.
Une situation difficile pour les automobilistes
En attendant des solutions, beaucoup vivent un vrai calvaire. Leur voiture est immobilisée, mais les mensualités de crédit et d’assurance continuent de tomber. Sans véhicule, difficile d’aller au travail ou de gérer le quotidien, ce qui accentue la pression financière.
La première victoire judiciaire encourage les victimes à se regrouper pour obtenir réparation, espérant voir un rappel officiel similaire à celui du scandale PureTech.