Les associations tirent la sonnette d’alarme. Destinée à aider les ménages modestes à payer leurs factures ou à financer certains travaux, la campagne 2025 du chèque énergie suscite de nombreuses critiques.
Plusieurs fédérations craignent que les nouvelles règles d’attribution réduisent à la fois le nombre de bénéficiaires et le montant des aides. Voici pourquoi.
Un changement majeur dans les critères d’attribution
Jusqu’à présent, le chèque énergie était attribué en fonction des personnes qui vivent dans un même logement. Une méthode simple et plutôt efficace.
Mais désormais, l’aide sera versée selon le « foyer fiscal » du titulaire du contrat d’électricité. Ce changement, qui peut sembler technique, inquiète beaucoup d’acteurs.
La Fédération nationale des collectivités concédantes et régies (FNCCR) et le Conseil national des associations familiales laïques (Cnafal) lancent une alerte. Cette nouvelle règle risque de laisser de nombreux bénéficiaires sur le bord du chemin.
Pourquoi ? Parce que certaines catégories de personnes ne seront pas automatiquement reconnues.
Qui pourrait être exclu ?
Les personnes hébergées chez des proches, celles vivant en colocation ou encore celles rattachées à un autre foyer fiscal sont particulièrement concernées.
Selon Violaine Lanneau, secrétaire générale des services de la FNCCR, « beaucoup de ménages éligibles risquent de ne pas être détectés automatiquement ».
Cette crainte n’est pas infondée. En 2024, la suppression du repérage automatique, liée à la fin de la taxe d’habitation, avait déjà provoqué une baisse notable du nombre de bénéficiaires.
Environ un million de personnes qui auraient dû recevoir le chèque énergie ne l’avaient pas perçu. Ce qui a été un vrai coup dur pour ces foyers modestes.
Une aide en ligne peu utilisée
Pour limiter les dégâts, un guichet en ligne avait été mis en place pour permettre à ceux qui n’avaient pas été automatiquement détectés de faire leur demande.
Cependant, cette solution n’a pas rencontré un grand succès. Moins de 18 % des nouveaux bénéficiaires y ont eu recours, d’après la FNCCR. En 2024, 5,7 millions de chèques énergie ont été distribués, mais seulement 172 000 ont été attribués via ce guichet, selon le ministère.
Un retour partiel à l’automaticité en 2025
La bonne nouvelle est que l’attribution automatique sera en partie rétablie en 2025. Le chèque énergie sera envoyé en novembre, soit avec huit mois de retard par rapport à la période habituelle.
Ce délai s’explique par l’adoption tardive de la loi de finances 2025, précise le ministère de l’Énergie.
Par ailleurs, le guichet en ligne restera ouvert jusqu’en février 2026, pour permettre aux personnes non repérées automatiquement de faire leur demande.
Un dispositif qui peine à suivre la hausse des prix
Créés en 2018, les chèques énergie varient aujourd’hui entre 48 et 277 euros, selon les situations. Pourtant, plusieurs experts estiment que le barème est dépassé, notamment face à la hausse importante des prix de l’énergie.
Des voix réclament une augmentation de 40 % des montants répartis pour suivre l’augmentation des tarifs. Ce n’est pas un détail quand on sait que « le tarif de base de l’électricité a augmenté de 41,5 % TTC entre 2019 et mars 2025 ».
Un dispositif fragilisé
Pour conclure, les nouvelles règles d’attribution du chèque énergie inquiètent les associations. Le passage du critère du logement au critère du foyer fiscal risque d’exclure de nombreux ménages modestes.
À cela s’ajoutent des délais plus longs pour recevoir l’aide. Il y a aussi le barème qui ne correspond plus aux besoins réels des bénéficiaires.
Malgré ses défauts, le chèque énergie reste un soutien essentiel pour des millions de Français. Les associations déplorent ces changements et craignent un recul important de cet outil indispensable.