La chasse à l’or est lancée dans cette région française : elle cache des « dizaines de tonnes » de ce métal précieux sous terre

Après près de vingt ans de silence, l’activité minière reprend doucement dans le Limousin. Cette région, connue autrefois pour ses gisements d’or, voit aujourd’hui les foreuses redémarrer.

Depuis 2022, plusieurs permis de prospection ont été accordés en laissant entrevoir un avenir où l’économie locale pourrait profiter de ces richesses enfouies.

Cependant, ce renouveau pose aussi des questions importantes notamment sur les impacts environnementaux.

Un sous-sol riche en métaux précieux

Le Limousin et plus particulièrement la Haute-Vienne recèle un potentiel minéral important. Selon Thomas Poitrenaud, géologue spécialiste de la région, ce territoire figure parmi les plus riches en or en France. Les concentrations d’or y dépassent la moyenne mondiale, ce qui attire l’attention des entreprises minières.

En octobre 2022, l’État français a délivré plusieurs permis exclusifs à des sociétés comme la Compagnie des Mines Arédiennes et la britannique Aurelius Ressources.

Ces entreprises peuvent désormais étudier entre 39 et 300 km² autour des anciennes mines du Bourneix, situées dans des communes telles que Saint-Yrieix-la-Perche, Le Chalard, Meuzac ou Château-Chervix. Ces zones pourraient contenir plusieurs dizaines de tonnes d’or mais aussi d’autres métaux précieux.

Cette région n’est pas une inconnue en matière d’extraction minière. Dès l’Antiquité, les Gaulois, puis les Romains, y exploitaient déjà l’or. Certaines pièces anciennes issues de cette région valent aujourd’hui beaucoup d’argent chez les collectionneurs.

Le projet actuel envisage une reprise de l’exploitation minière vers 2035, à condition de réussir les nombreuses étapes administratives et environnementales nécessaires. Avec un prix de l’or souvent supérieur à 90 000 euros le kilo, les enjeux économiques sont importants.

Au-delà de l’or : d’autres métaux essentiels

Le sous-sol limousin ne contient pas seulement de l’or. Les recherches démontrent également la présence d’une vingtaine de métaux dits stratégiques indispensables à l’industrie moderne. Parmi eux, on trouve :

  • l’argent, très utilisé dans l’industrie,
  • le cuivre, essentiel pour les réseaux électriques,
  • ainsi que le zinc et le plomb, qui servent à fabriquer des alliages.

Le nickel et le lithium sont également présents, deux métaux essentiels pour les batteries et la transition énergétique. Dans un contexte mondial où l’approvisionnement en matières premières devient complexe, ces ressources placent le Limousin comme un acteur clé dans la stratégie européenne d’autonomie en métaux précieux.

Yves Guise, président de la Compagnie des Mines Arédiennes, assure que l’exploitation prévue sera moderne, souterraine et respectueuse des habitants.

L’objectif est d’utiliser des technologies avancées, notamment la robotique, pour réduire au maximum l’impact environnemental, loin des anciennes méthodes lourdes et polluantes.

Entre espoirs économiques et inquiétudes locales

Le retour de l’exploitation minière suscite des réactions diverses. Certains anciens mineurs, comme Yves Althman, accueillent cette nouvelle avec émotion. « Ce métier n’est pas facile, mais ceux qui y ont travaillé l’ont souvent apprécié », confie-t-il.

Le maire de Saint-Yrieix-la-Perche, Daniel Boisserie, soutient le projet mais sous conditions strictes. Il exige que le projet respecte à la fois l’environnement et l’économie locale.

Il a également rappelé aux investisseurs étrangers que « notre territoire n’est pas l’Afrique » en soulignant l’importance d’un développement responsable.

De leur côté, des associations comme Stop Mines 87 s’inquiètent. Elles alertent sur les risques de pollution des nappes phréatiques, les nuisances sonores, ou encore la disparition de terres agricoles. Un agriculteur bio de Lauriéras, par exemple, redoute pour son verger tout récent.

Des questions sur l’origine des capitaux investis sont également soulevées. Myriam Gantier, opposante au projet, note que la Compagnie des Mines Arédiennes est liée à une société canadienne dont les dirigeants sont majoritairement anglophones. Elle s’interroge sur les véritables bénéficiaires de cette exploitation.

Un équilibre à trouver

Ce renouveau minier fait naître de grands espoirs économiques, mais aussi de fortes inquiétudes environnementales et sociales. Le défi sera de trouver un équilibre entre l’exploitation de ces richesses naturelles et la préservation du patrimoine écologique du Limousin.

Un enjeu majeur pour l’avenir de la région.