Un couple de seniors procède à la vente de son immeuble puis l’occupe illégalement pendant deux ans, un véritable cauchemar pour la nouvelle propriétaire

À Lille, en 2020, un couple de retraités vend son immeuble à une nouvelle propriétaire. L’affaire semble réglée.

Pourtant, deux ans plus tard, les vendeurs occupent encore les lieux. La situation devient invivable pour l’acheteuse, qui ne parvient pas à faire respecter ses droits malgré plusieurs décisions de justice.

Une histoire vraie qui soulève de nombreuses questions.

Une transaction suivie d’un malentendu

En février 2020, Djemaia achète un immeuble via une société civile immobilière. Au moment de la vente, les anciens propriétaires, un couple de retraités, lui demandent un délai pour quitter les lieux à cause du contexte sanitaire.

En pleine pandémie de Covid-19, elle accepte en pensant qu’ils déménageraient dès que la situation s’améliorerait.

Mais après la fin du confinement, tout bascule. L’un des deux anciens propriétaires l’informe qu’ils ne partiront finalement pas. Il lui suggère d’entamer une procédure s’ils veulent qu’elle récupère son bien. Djemaia se retrouve alors piégée.

Un logement bloqué

Propriétaire sur le papier, Djemaia ne peut pourtant pas jouir de son bien. Impossible pour elle de louer les appartements, d’honorer ses remboursements ou même de faire des travaux. L’immeuble reste occupé, et ses projets tombent à l’eau. Le préjudice est à la fois financier et moral. Le rêve d’investissement devient une source de stress permanent.

Deux décisions de justice sont rendues en 2021 et 2022 et confirment ses droits. Mais malgré cela, rien ne change. Le couple est toujours sur place et l’expulsion n’est pas mise en œuvre. La justice semble impuissante face à une situation pourtant claire.

Une expulsion retardée

Ce qui complique l’affaire, c’est le profil des anciens propriétaires. Âgés, discrets et souffrant de problèmes de santé, ils sont perçus comme vulnérables. Leur avocat met en avant leur précarité pour justifier leur présence.

Résultat : leur expulsion est repoussée. Les démarches traînent, les délais s’allongent.

L’intervention de la force publique, pourtant validée, n’est envisagée qu’en avril 2023. Et même à cette date, rien n’est garanti. Le processus judiciaire est long et parfois décourageant surtout pour les victimes qui doivent attendre sans solution concrète.

Des squatteurs inattendus

Cette affaire montre que les squatteurs ne sont pas toujours ceux qu’on imagine. Ici, ce ne sont pas des intrus anonymes, mais les anciens propriétaires eux-mêmes. Cela rend les choses plus complexes car l’image de ce couple paisible ne correspond pas à celle d’un occupant illégal classique.

Pour Djemaia, la situation devient intenable. Elle ne perçoit aucun revenu locatif, voit ses dettes s’accumuler et ne sait plus vers qui se tourner.

Elle attend que la justice fasse appliquer la loi mais cette attente devient un poids psychologique énorme. L’impression d’impuissance s’installe peu à peu.

Un exemple inquiétant

Ce genre d’histoire reste rare mais il n’est plus isolé. Vendre un bien ne garantit pas que les anciens occupants partiront. Cette affaire souligne une faille du système. Il est parfois plus difficile d’expulser quelqu’un qu’on connaît que de faire face à un inconnu.

En fin de compte, posséder un bien immobilier ne suffit pas. Encore faut-il pouvoir l’occuper ou l’exploiter. Et quand la justice tarde à agir, ce sont les propriétaires qui en subissent les conséquences, parfois pendant des années.