Le sable du Sahara arrivé en France contient de la radioactivité liée à des essais nucléaires, mais pas ceux que l’on pensait

Quand le ciel devient ocre et que les voitures se couvrent d’une fine poussière orangée, on se demande toujours : d’où vient ce sable du Sahara qui traverse les frontières ?

En mars 2022, un épais nuage de sable a survolé l’Europe de l’Ouest en apportant avec lui non seulement un air chargé de particules mais aussi une inquiétude autour d’un mot qui fait peur : la radioactivité.

Césium-137 : la surprise dans la poussière

Rapidement, des analyses ont révélé la présence de césium-137 dans le sable tombé en France. Ce radio-isotope a aussitôt fait penser aux essais nucléaires français menés à Reggane, en Algérie, dans les années 1960.

L’image du désert, des explosions atomiques et des zones interdites est gravée dans les mémoires.

Sur les réseaux sociaux, la peur a pris le dessus sur la réflexion. Beaucoup ont peur que chaque tempête de sable transporte des particules radioactives issues du passé colonial français. Mais qu’en est-il vraiment ?

Une équipe de chercheurs franco-suisse-espagnole a décidé de lever le voile en menant une étude rigoureuse publiée dans Science Advances.

Une origine plus vaste

Les scientifiques ont collecté plus d’une centaine d’échantillons de poussière dans différentes régions d’Europe. Leur objectif était de déterminer la signature radioactive précise de ces particules. Et là, surprise : la radioactivité enregistrée ne correspondait pas aux essais français.

En examinant les isotopes présents, ils ont pu relier la source de césium à une autre période : la guerre froide. Les États-Unis et l’URSS ont en effet réalisé des milliers d’essais nucléaires atmosphériques qui ont laissé une empreinte radioactive mondiale.

Ces tests massifs, bien plus nombreux que ceux français, ont dispersé des particules radioactives dans toute l’atmosphère.

Ainsi, même si les essais français ont eu un impact local, dans le cas de cette tempête de sable, leur contribution est presque négligeable.

Ce sont les retombées des grandes puissances qui expliquent la présence de césium-137 dans l’air, transporté par les vents à travers le temps et l’espace.

Une perception influencée par l’histoire

Pourquoi on associe spontanément le désert algérien à la radioactivité ? Sans doute parce que ces essais ont laissé une empreinte douloureuse, notamment pour les populations locales. L’opacité et le poids historique nourrissent cette idée.

Pourtant, les données enregistrées lors de cet épisode montrent clairement que la radioactivité n’a pas été enregistrée pour l’origine principale des essais français.

Il faut donc distinguer les souvenirs, parfois justifiés, de la réalité scientifique. Éviter les amalgames est essentiel pour bien comprendre ce phénomène.

Qu’en est-il des risques pour la santé ?

Faut-il craindre pour la santé à cause de ces poussières radioactives ? Les résultats rassurent. Pendant la tempête de mars 2022, la concentration moyenne de césium-137 était d’environ 14 becquerels par kilogramme, très en dessous des seuils d’alerte fixés par l’Union européenne.

Les études n’ont pas montré d’augmentation significative de troubles respiratoires graves liés à cette radioactivité. Le vrai problème reste la pollution par les particules fines elles-mêmes, déterminantes de leur contenu radioactif.

En résumé, les experts jugent les effets sanitaires du césium-137 mesurés comme négligeables. Il est bien présent, mais en quantités trop faibles pour représenter un danger réel.

Surveiller pour mieux protéger

Cet épisode souligne l’importance d’un réseau de surveillance performant. Même si la radioactivité ne constitue pas une menace majeure dans ce cas, la pollution particulière demeure un enjeu important.

Une surveillance précise permet d’informer la population et de guider les politiques de santé publique.

S’inquiéter face à l’inconnu est naturel. Mais s’informer avec rigueur est indispensable.