« Avoir des enfants, ça compte ! » C’est en tout cas ce que pourrait enfin reconnaître le système de retraite français. Un récent rapport de la Drees, publié en 2025, met en lumière un constat glaçant : la majoration actuelle des pensions pour les parents de trois enfants ou plus profite davantage… aux hommes. Et ce, alors même que ce dispositif était censé compenser l’impact de la parentalité sur les carrières, notamment féminines.
Face à cette injustice, trois pistes de réforme sont aujourd’hui sur la table. Objectif : remettre les femmes au cœur du dispositif et corriger une règle qui, jusqu’ici, n’a fait qu’aggraver les écarts de retraite entre les sexes. Voici ce qui pourrait changer prochainement.
Un dispositif qui creuse les inégalités au lieu de les corriger
Depuis plusieurs années, les parents ayant eu au moins trois enfants bénéficient d’une majoration de 10 % sur leur pension de retraite. En théorie, tout le monde y gagne. En pratique, ce sont surtout les hommes qui en profitent.
Pourquoi ? Parce que les pères, avec des carrières souvent plus longues et mieux rémunérées, touchent déjà des pensions plus élevées. Résultat : ils gagnent en moyenne 136 € de plus par mois grâce à la majoration, contre seulement 77 € pour les femmes.
Et ce n’est pas un cas isolé : la pension moyenne des femmes reste encore inférieure de 38 % à celle des hommes. Le dispositif, au lieu d’atténuer cette différence, ne fait que l’amplifier.
Trois idées pour rééquilibrer les choses
Pour mettre fin à ce déséquilibre, la Drees propose trois scénarios. Chacun vise à mieux reconnaître l’impact réel de la maternité sur la carrière, sans continuer à avantager les plus hauts revenus.
Une majoration fixe pour tous les parents
Dans cette version, chaque parent toucherait 150 € par mois, quelle que soit sa pension ou son salaire antérieur.
Les effets seraient plutôt limités :
- 60 % des bénéficiaires seraient des femmes ;
- la pension des femmes augmenterait de 0,3 % ;
- celle des hommes baisserait légèrement ;
- le ratio entre pensions masculines et féminines passerait de 84,9 % à 85,5 %.
Cette solution a le mérite d’être simple, mais elle reste assez timide en matière de justice sociale.
Une bonification réservée aux mères, dès le premier enfant
Deuxième piste : exclure les pères du dispositif et offrir une bonification progressive aux mères, dès le premier enfant :
- 3 % pour un enfant ;
- 6 % pour deux enfants ;
- 13 % pour trois enfants ou plus.
Cette réforme permettrait d’augmenter de 3,3 % la pension moyenne des femmes nées en 1978, tout en réduisant celle des hommes de cette génération. Un pas vers plus d’égalité, même si l’impact social global resterait mesuré.
Une aide croissante pour les mères : la piste jugée la plus juste
Enfin, le scénario le plus ambitieux miserait sur une prime mensuelle fixe, uniquement pour les mères, et augmentant selon le nombre d’enfants :
- 40 € par mois pour un enfant ;
- 80 € pour deux enfants ;
- 160 € à partir de trois enfants.
Ce modèle permettrait un vrai coup de pouce aux pensions féminines :
- 81,6 % des femmes de la génération 1978 en bénéficieraient ;
- le gain moyen atteindrait +3,9 % à 68 ans ;
- les hommes, eux, perdraient environ 3 % en moyenne.
C’est la solution jugée la plus équitable, car elle cible directement les femmes tout en tenant compte des sacrifices professionnels liés à la maternité. Mais elle est aussi la plus coûteuse à mettre en place, dans un contexte budgétaire déjà tendu pour les retraites.
Un changement qui pourrait tout bouleverser
Si l’une de ces propositions est adoptée, ce serait un vrai tournant pour la reconnaissance du rôle des mères dans notre société. Après des années de combat pour l’égalité, la retraite pourrait enfin refléter un peu mieux les réalités du terrain.
Affaire à suivre… et peut-être bientôt une revalorisation bienvenue pour des millions de femmes concernées.