Chaque année en France, on réalise environ 4 millions de diagnostics de performance énergétique (DPE) principalement lors des ventes ou mises en location de logements. Ce sont des évaluations qui indiquent la consommation énergétique d’un bien.
Mais un problème persiste. Le ministère du Logement pense à une surévaluation de près de 70 000 diagnostics. Cela représente 1,7 % des DPE effectués.
Ce chiffre peut sembler faible, mais pour la sénatrice Valérie Létard, citée par UFC-Que Choisir, ce taux reste inacceptable. Face à ces fraudes, les autorités ont réagi.
Depuis la mi-2024, 500 diagnostiqueurs ont été radiés avec à la clé une interdiction d’exercer de six mois, bientôt étendue à deux ans.
Des QR codes pour mieux encadrer
Pour limiter les erreurs et les pratiques douteuses, on va mettre en place deux QR codes à partir de l’automne 2025. Le premier, prévu dès juillet, sera apposé sur les attestations professionnelles. Il permettra de vérifier la certification du diagnostiqueur.
Le second, prévu pour septembre, figurera directement sur le DPE afin d’en garantir la conformité.
Ces deux outils numériques seront associés à un système de géolocalisation pour confirmer que le professionnel s’est bien rendu sur place. Cela permettra d’éviter les diagnostics réalisés à distance ou sans visite réelle du bien, une dérive déjà observée.
À noter que le coût moyen d’un DPE varie entre 150 et 250 euros, selon Capital.
Ce document joue aussi un rôle important dans la valorisation du bien et l’obtention de certains financements comme le prêt travaux destiné à la rénovation énergétique. D’où la nécessité de garantir sa fiabilité.
L’intelligence artificielle en renfort
Dès 2025, les 10 000 diagnostiqueurs français feront l’objet d’un contrôle annuel, contre un tous les quatre ans actuellement. Ces vérifications reposeront en partie sur l’intelligence artificielle grâce à un dispositif développé par l’Ademe.
L’algorithme analysera plusieurs éléments : la durée minimale des visites (45 minutes), la cohérence entre diagnostics de biens similaires, ou encore la tendance à attribuer des notes situées au seuil entre deux classes énergétiques.
L’objectif est de repérer les anomalies et renforcer la fiabilité des évaluations. Par ailleurs, les propriétaires pourront consulter en ligne la liste des diagnostiqueurs suspendus.
Enfin, pour éviter toute pression lors de la visite, le DPE ne sera plus remis immédiatement. Il sera transmis de manière dématérialisée, généralement le soir ou le lendemain.
Une profession qui se structure
Autre évolution majeure : le gouvernement souhaite renforcer la professionnalisation des diagnostiqueurs. Il annonce deux mesures.
Il s’agit de la création d’une formation post-bac dédiée et de la mise en place d’un ordre professionnel doté de pouvoirs disciplinaires, sur le modèle de ce qui existe chez les médecins ou les notaires.
Ces propositions s’inscrivent dans les recommandations de la Cour des comptes, émises le 4 juin dernier. L’institution insiste sur l’importance de structurer la filière d’ici fin 2026 notamment en instaurant une carte professionnelle obligatoire pour exercer.
Vers un DPE plus fiable
Avec ces nouvelles règles, l’objectif est d’assurer des diagnostics précis et transparents tout en assainissant le secteur.
En renforçant les contrôles, en intégrant des outils technologiques et en encadrant mieux les professionnels, l’État entend faire du DPE un véritable outil de confiance pour les propriétaires comme pour les locataires.